Au-delà de l’individualisme, le théorème de communauté et société – Ferdinand Tönnies et le communautarisme [A]

Peter-Ulrich Merz-Benz

Les sphères rationelles et irrationelles du monde social entretiennent un lien aussi bien constitutif qu’historique entre elles. Ferdinand Tönnies a tenté de saisir cet état de choses par son théorème de communauté et société. La sociologie n’a pas cessé d’être consciente de cet état de choses, mais parfois de manière implicite. Ce n’est qu’avec les tentatives du communautarisme de dépasser l’individualisme et de retrouver des formes de vie communautaires que les réflexions sur le théorème de communauté et société ont fait leur réapparition dans la conscience de la sociologie après un long temps d’oubli. Pourtant, l’occasion n’a pas été saisi d’approfondir le potentiel de la pensée communautaire et de réfléchir sur ces concepts et ses représentations en se référant à Tönnies. Le présent article fait un premier pas vers la réparation de cette négligence. Le débat autour du communautarisme est repris en montrant les fondements théoriques peu clairs du paradigme du «Moi et Nous» de Amitai Etzioni ainsi que des «communautés de souvenir» de Robert N. Bellah et de son groupe. Il est poursuivi à l’aide des notions de Tönnies.

Revue suisse de sociologie, 32 (1), 2006, 27-52

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