La criminalité en Suisse, résultat d’un choix rationnel [D]

Rolf Becker, Regula Imhof et Marcel Raimann

Ce texte réfléchit sur les déterminantes essentielles du comportement criminel d’un point de vue sociologique. La question centrale est de savoir pourquoi et dans quelles circonstances une personne est amenée à commettre un crime. Selon la théorie économique du comportement criminel, la délinquence consiste en un ensemble de choix et d’actes rationnels des individus. Ce point de vue théorique souligne le choix rationnel opéré entre des actions légales et illégales dans le but de réaliser des buts ou de satisfaire des besoins. Dans un souci d’optimiser les résultats, les acteurs cherchent à éviter les conséquences fâcheuses telles que punition, perte de l’acceptation sociale ou poursuites. A partir de ces données théoriques, un modèle de choix rationnel optimal a été élaboré qui comprend différentes théories sociologiques et psychologiques telles que la théorie de l’anomie, la théorie de la socialisation, la théorie des opportunités différentielles, le principe de l’association différentielle et celui de la cognition sociale ont été intégrées dans un modèle théorique sur l’attente des valeurs. Le modèle est empiriquement vérifié par des données fournies par des étudiants des universités de Dresde et de Berne. Dans ce sondage, les étudiants ont été interrogés sur des délits tels que le « vol à l’étalage », l’« escroquerie à l’assurance », la « fraude fiscale » et le « voyage sans titre de transport valable ». Les résultats de l’enquête prouvent que les théories sociales-psychologiques et sociologiques sur la criminalité qui, jusqu’ici coexistaient les unes à côté des autres sans systématicité, peuvent être intégrées dans un système cohérent qui est capable de livrer des déclarations sur les conditions marginales sociologiquement signifiantes de l’action criminelle.

Revue suisse de sociologie, 33 (2), 2007, 237-260

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