Vers une société de précarisation – A propos de l’analyse de la lutte de définition autour de la précarisation croissante du travail et de la vie [A]

Oliver Marchart

Partant de deux analyses de discours (celui de la représentation des sous-classes dans les mass média et celui d’un mouvement social contre la précarité) on peut observer que le concept hégémonial de la précarisation est caracterisé par une indécision symptomatique : D’une part la précarité est attribuée à un groupe social minoritaire (à un précariat «decroché», respectivement à une «sous-classe» dans le débat allemand). D’autre part on admet que les processus de précarisation touchen des secteurs croissants. Dans ce contexte, l’article développe une typologie des concepts de précarisation et argumente en faveur d’une notion de précarisation globale – à la différence d’une notion étroite (débat sur les sous-classes) ainsi que d’une notion élargie (Castel, Dörre). Cette approche globale de la précarisation trouve un soutien dans des théories comme les études sur la gouvernementalité, la théorie de la régulation, la sociologie pragmatique de Boltanski et Chiapello ainsi que le postopéraisme italien. La comparaison entre ces théories confirmela thèse que les formations sociales postfordistes de l’occident peuvent effectivement être caracterisées par le concept la société de précarisation.

Revue suisse de sociologie, 36 (3), 2010, 413-429

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