Ni communauté, ni société : penser la société pluraliste au-delà des binaires [F]

Elke Winter

L’opposition conceptuelle du communautaire et du non communautaire est un élément important de la tradition sociologique. En 1887, Ferdinand Tönnies lui attribue une terminologie durable en opposant Gemeinschaft à Gesellschaft. Max Weber rompt avec cette tradition et élabore une «sociologie sans société» qui se propose de dépasser ces représentationsbinaires. Dans cet article, nous examinons l’utilité de la sociologie wébérienne pour une théorie des sociétés à l’ère de la mondialisation. Les sociétés étant de plus en plus ethniquement diversifiées, se voient contraintes de redéfinir les limites de leur image nationale. En nous inspirant de Weber tout en le dépassant, nous développons l’idéaltype de la société pluraliste. Celle-ci ne peut se concevoir ni comme une Gemeinschaft ni comme une Gesellschaft, ni comme une synthèse durable des deux concepts. Il s’agit au contraire d’une relation sociale triangulaire en transformation constante.

Revue suisse de sociologie, 36 (3), 2010, 451-469

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