Work-Life-Balance : Individualisation et reproduction des inégalités entre les sexes [A]

Evéline Huber

Malgré l’individualisation des structures sociales largement débattue, les inégalités entre les sexes sont constamment reproduites. Jusqu’à présent, les recherches démontrent que la période de démarrage d’une famille est un moment particulièrement critique de la reproduction et de la persistance des structures sociales. Ce moment est considéré comme le révélateur de la relation ambivalente entre les structures traditionnelles et les processus de modernisation concernant les genres. Pourtant, le processus de reproduction n’est souvent pas très clair. Une recherche a été effectuée sur la façon dont cinq couples (mariés) organisent leur vie quotidienne et pourquoi certaines structures sociales ne peuventpas être changées en schémas d’actions individuelles. Ces processus individuels sont analysés à l’aide de la notion d’équilibre travail-vie et de la théorie de l’individualisation (par Beck 1986). Par le biais d’une « apparente » individualisation, des questions de politique sociale sont évacuées dans la sphère privée. Même si l’égalité des opportunités est considérée comme la norme en Suisse, l’individualisation se montre fortement déterminée par le genre. Les modèles civiques modernisés ou traditionnels de séparation entre activité rémunérée et travail familial et domestique se révélent (apparemment) comme les plus pragmatiques pour de nombreuses familles. Ainsi, le mâle est toujours supposé être le fournisseur des biens. Des solutions véritablementindividualisées ne sont encore adoptées que par une minorité. La diversité apparente desoptions et des possibilités d’action peut donc être considérée pour beaucoup comme un idéal lointain.

Revue suisse de sociologie, 36 (3), 2010, 489-510

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